Clémence MAUGER
Née en France en 1991 - Vit à Marseille et Montreuil
À propos de Moon pods 1 :
La peinture a été faite d’après la photographie en plan rapproché d’une plante, la Lunaria annua (« Lunaire annuelle« ), plus communément appelée monnaie-du-pape en raison de ses fruits plats et diaphanes comparables à des pièces de monnaie. Le titre du tableau, Moon pods (« capsules lunaires »), reprend l’origine lunaire du nom attribué par la botanique, inspiré par la ressemblance des fruits circulaires avec la géologie de la Lune, ses cratères et ses mers. La surface de bois a été préparée à la poudre de marbre, peinte avec une aquarelle très diluée offrant aux couleurs l’évanescence d’une vision floue parcourue de phosphènes et de mirages perlants. Le tableau se noie dans un trouble opalescent, évoque le bouillon primordial d’une genèse galactique ou les associations vitales de cellules souches et de gamètes mêlant leurs gènes. La fondation cosmique et la gestation organique dévoilent dans leurs analogies une dynamique universelle des formes, un mouvement commun à la création de toute chose. Dans son aspect final, la décoction de pigments et d’eau affleure chacun de ces phénomènes, accouplant le vortex des naissances stellaires à l’éclosion de la vie cellulaire. La peinture n’est ni d’un côté ni de l’autre et se livre en refusant la trahison du récit. Livrer et trahir, le vocabulaire est biblique et fait surgir l’autre nom attribué à la Lunaria annua : Médaille de Judas. Il n’y a pourtant rien d’autre à livrer que les larmes séminales en gouttelettes déposées sur la blancheur en dentelle et le marbre chromatique, rien à trahir sinon la vision, troublée par la poudre et par l’eau, les cocons en brouillard et la couleur en neige.
Jean-Charles Vergne