Marian BREEDVELD
Née aux Pays-Bas en 1959 – Vit aux Pays-Bas
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Marian BREEDVELD Passé composé/Futur antérieur La langue dans la boue Le Syndrome de Babylone BABEL Sans titre(s) Libertés de mouvement Le Toucher du monde – Dialogue entre les collections du FRAC Auvergne et du musée Paul-DiniEdition
Motifs & partis pris – Collection Beautés Marian BREEDVELDMarian Breedveld est un peintre matérialiste. Ce qui ne veut pas dire qu’elle aime la matière pour la matière ni qu’elle étale la pâte pour le plus pur plaisir régressif. La matière de la peinture est le fondement de sa pratique et, plus que le fondement, il en est la poétique. Marian Breedveld peint en pâte, étale la pâte. Elle est une peinture du geste sans expressionnisme. Elle peint ses toiles d’un seul geste en déposant et en étirant la pâte de peinture. Elle peint dans la surface et dans l’épaisseur. C’est le dialogue entre la surface et l’épaisseur qui permet de rendre compte du temps.
Elle lie plusieurs brosses entre elles afin d’étirer la peinture sur toute la surface dans un seul geste, un geste unique qui balaie la toile de gauche à droite. Les formats ne dépassent jamais la longueur maximale du geste, ils sont aux dimensions de l’étirement du bras. La peinture ne se construit pas par une somme d’éléments, dans une somme de gestes à la surface, dans une composition allant de haut en bas, du centre vers la périphérie ou l’inverse, c’est un seul et même temps qui est présenté : le temps du geste unique.
Plusieurs couleurs sont étalées en même temps. Elle recommence cette opération autant de fois qu’il est nécessaire. La peinture, en étant étalée, se mélange avec la couche précédente. Les couleurs se brouillent en se superposant. La pression du geste crée des sillons, la peinture rentre dans les couches précédentes, les crêtes sont les couches précédentes qui remontent en étant repoussées. Ce qu’elle peint à la surface pénètre, ainsi, dans l’épaisseur. A l’étirement de la surface correspond la stratification des couches. Ce sont des sommes de temps qui sont présentées, visibles dans l’épaisseur, stratifiées en elle. Cette géologie perturbe la perception de la couleur. Un marron remonte dans un jaune et crée une brouille optique. Le jaune en pénétrant dans le marron se mélange plus ou moins à ce dernier, se teinte de lui, se modifie. Le champ coloré devient imprécis, la limite entre les couleurs finit par s’estomper. Les couleurs sont, également, perturbées par le passage, à la surface, d’une plage à une autre.
Cette peinture sur toile propose un déroulement, une étendue que le regard accompagne dans un glissement fluide, semble faire la contraction entre une saisie immédiate et un étirement temporel.
Eric Suchère