Olivier DEBRE
Né en France en 1920 - Décédé en 1999
Olivier Debré a marqué la peinture abstraite en France, tant elle a pu faire le lien entre la peinture américaine du Colorfield (Mark Rothko, Clifford Still, Barnett Newman) des années 50 et l’abstraction lyrique (Pierre Soulages, Hans Hartung) dans la peinture française de l’immédiat après-guerre.
D’année en année, les mêmes sites reviennent : Cachan, les bords de la Loire, ceux où le peintre habite et travaille, ceux où il ne se lasse pas d’observer les variations de la lumière, ceux où il jouit de voir les sols, le ciel et les eaux varier selon les moments. Le plus souvent, il aime peindre les lieux qu’il connaît déjà, qui font en quelque sorte partie de lui-même et qui ne cessent pourtant de le surprendre. Ce sont des lieux à la fois de constance et de changement. La Loire n’est jamais ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. Pour qui aime et sait regarder, chaque site change à chaque instant et le peintre, en plusieurs années, explore, sans l’épuiser, son infinie richesse. C’est l’une des raisons pour lesquelles il aime l’idée de série qui est pour lui l’affirmation des différences, des variations, chant des qualités variées d’un même lieu. « Chaque peinture a une heure et on peut même dire que chaque peintre a une heure favorite. Elie Faure disait très justement de Vélasquez qu’il était du soir. J’aime aussi la fin du jour ». Mais s’il a ses heures, ses saisons préférées, il n’est pas indifférent aux autres moments. L’automne ne lui fait mépriser ni le printemps, ni l’hiver.
Au cours des années 80, Olivier Debré peint une série de grandes toiles, influencé qu’il est par le lieu et l’espace où elle sont exécutées , c’est-à-dire Cachan en Touraine au bord de la Loire : « un lieu réel que j’indique mais en même temps un lieu sentimental… Si je peins Athènes, ce n’est pas Athènes, mais l’état dans lequel ce lieu me met… » Le format horizontal de la peinture nous renseigne sur la dimension paysagère et sur la volonté de montrer une étendue colorée, fluide, un espace marqué par le corps, le geste, et la sensualité. Un espace ouvert, saturé et lumineux, ponctué de touches plus denses de matière picturale qui affirme à contrario l’extrême fluidité de l’ensemble de la peinture. Ces quasi-monochromes se rattachent selon ses propos « à une sensation unique, éphémère » – une peinture empreinte de vie en somme.