Frédérique LOUTZ
Née en France en 1974 – Vit en France
Frédérique Loutz fait partie d’une nouvelle génération d’artistes français, pour qui le dessin joue un rôle essentiel. Elle a reçu sa formation artistique d’abord à l’Ecole des Beaux-Arts de Mulhouse puis à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Dans un premier temps remarquée pour ses petits formats aux sujets grotesques, dans lesquels on sent une proximité avec la tradition expressive allemande, elle réalise, depuis peu, des grands dessins plus ambitieux et aboutis. Elle travaille volontiers à l’aquarelle dans des tons acidulés, mais réalise également quelques rares œuvres en noir et blanc.
Originaire de Sarreguemines, Frédérique Loutz a grandi dans un contexte historique et culturel particulier, à la fois français, bien entendu, mais également germanique – notamment à travers le patois mosellan qu’elle maîtrise parfaitement. Grâce à cette double culture, son répertoire et son vocabulaire artistiques se sont enrichis d’éléments particuliers qui participent pleinement à l’originalité de son travail.
Vieux jouets et objets manufacturés par l’artiste, accumulés dans l’atelier, tous mis hors d’échelle, lui servent de modèles dans un univers nettement plus proches de celui des Frères Grimm que de Perrault. Dans Chaperon rouge, l’œuvre la plus violente et la pièce maîtresse d’une exposition personnelle réalisée en 2005 à la galerie Claudine Papillon, Frédérique Loutz se transforme en véritable conteuse de contes cruels. Les protagonistes ne ressemblent plus guère à ceux de nos lectures d’antan, mais sont devenus des véritables monstres sortis d’un cybermonde, accompagnés d’un drôle de texte, étrange comptine bilingue de l’enfance de l’artiste, dans lequel chaque mot accolé traduit le précédent : « derrière ma Haus – maison, il y avait trois Schweine – cochons…. ». Dans la version du conte de Frédérique Loutz, le loup est déguisé en Chaperon Rouge, le décor est constitué de soldats de plomb, de bonbons en forme d’yeux, d’un sac à main en forme de tête décapitée, d’un damier symbolisant l’affrontement d’une partie d’échecs, d’une mappemonde en forme de Rubik’s cube, d’une maison-tirelire évoquant le chalet de la grand-mère, d’une radio affublée d’une oreille et de quelques crânes… L’étrangeté se prolonge dans les couleurs de l’œuvre, volontairement disharmonieuses, plus proche d’une palette allemande que de celle de la tradition picturale française.
Jonas Storsve