Gert et Uwe TOBIAS
Nés en Roumanie en 1973 - Vivent en Allemagne
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Gert & Uwe TOBIAS La Révolte et l’Ennui Les Pléiades Des visages, des figures DOUBLE JEU FEEDBACKEdition
Gert & Uwe TobiasSans titre (GUT 2073-AP) – 2013
C’est à l’issue de l’exposition qui leur a été consacrée en 2012 que Gert & Uwe Tobias ont créé cette œuvre pour la collection du FRAC Auvergne, prenant en considération les spécificités de celle-ci et les liens étroits qu’elle entretient avec l’histoire de la peinture. Comme toutes leurs gravures, cette œuvre a été réalisée à partir de motifs découpés dans de fines plaques de bois, enduits de couleur et appliqués un à un, comme les pièces d’un puzzle, sur le papier, comme le faisait déjà Edvard Munch dans ses expérimentations polychromiques.
Un motif peut faire l’objet de plusieurs applications successives, avec différentes couleurs, pour les besoins chromatiques de l’aplat qui doit être produit. La pression de la main ou du corps tout entier décide de la densité de la couleur imprimée. Chaque gravure est réalisée en deux exemplaires identiques dans leur composition mais forcément uniques en soi, en raison des différences infimes liées, notamment, au fait que rien ne soit mécanique et qu’une pression légèrement plus faible ou plus forte sur un motif de bois entraîne un écart dans la densité de la couleur.
L’histoire de l’art se mêle aux sources folkloriques des arts populaires et, régulièrement, des personnages aux visages monstrueux font irruption, souvenir lointain de leur Transylvanie natale et de ses légendes, parmi lesquelles la figure de l’Empereur Vlad III (dit «l’empaleur») occupe une place singulière puisqu’elle est à l’origine de la création du personnage de Dracula. GUT 2073 est de ce point de vue caractéristique de ce type de mixage. La face, mélange de crâne et de vampire, donne son visage à cette figure dont la posture est directement empruntée à deux portraits peints par le flamand Rogier van der Weyden dans les années 1430 : même coiffe, même disposition des mains posées à même le cadre (les frères Tobias n’en ont conservé qu’une seule), comme si la figure peinte sortait de sa fenêtre illusionniste pour pénétrer le réel, à l’image des vampires et de leur capacité à passer d’un monde à l’autre.
Jean-Charles Vergne