Adam ADACH

Né en Pologne en 1962 – Vit en France

Après quelques années de pratique intensive de l’abstraction et d’une forme d’« action painting », Adam Adach s’est tourné vers la figuration. « J’ai éprouvé le besoin de m’immiscer dans les vies des gens et de mes proches, de m’investir explicitement (…)1 » dit ainsi le peintre à propos des thèmes récents de son œuvre. En effet beaucoup des thèmes qu’il traite sont chargés des expériences de son enfance et de son adolescence en Pologne. Par exemple, la petite ville dans laquelle il a grandi a été fortement marquée par la deuxième guerre mondiale : la moitié de ses habitants étaient des soldats qui y étaient cantonnés. Leurs baraquements militaires ressemblaient à ces cités construites plus tard dans beaucoup de pays communistes autour de l’ex-URSS. Adach illustre, entre autres, dans ses tableaux ces zones d’urbanisation anonyme comme il illustre d’autres traces de l’Histoire, tout en modifiant consciemment les motifs de telle façon que sa mémoire personnelle devienne mémoire collective. Longtemps il s’est servi des codes stylistiques du modernisme abstrait (Delaunay, De Stijl) en intégrant dans ses scènes des figures géométriques aux couleurs intenses.
« Je ne prétends pas réduire à la réalité ce qu’il peut y avoir de pure abstraction dans ma peinture, mais simplement souligner qu’elle n’est jamais pure, mais plutôt ancrée dans des situations on ne peut plus concrètes2 ». Aujourd’hui cependant, ces allusions au modernisme se sont estompées.

La série des grands paysages de neige que l’artiste réalise en 2002-2003 et à laquelle on peut rattacher Granica se distingue stylistiquement et thématiquement du reste de son travail artistique. Elle se caractérise par la présence imposante de la nature et par l’extrême réduction de la figure humaine. Tous les tableaux de cette série évoquent des paysages immenses, et souvent peints depuis un point de vue bas, en légère contre-plongée. Cette série a été inspirée par un voyage en Alaska au cours duquel l’artiste fit l’expérience, dans une grotte glaciaire, d’une lumière extrême, inconnue ailleurs. C’est aussi cette lumière qu’il s’efforce de rendre dans ces tableaux aux champs de neige d’un vert turquoise. Mais si d’un côté la présence de la couleur joue un rôle important dans la construction d’un espace imaginaire – lequel aspire littéralement le spectateur -, d’un autre côté le traitement de la surface picturale empêche l’immersion totale dans cet espace imaginaire.
La monumentalité de la nature dans Granica évoque les paysages de l’art romantique allemand, notamment ceux de Caspar David Friedrich. Mais si chez Friedrich, les figures sont contemplatives et passives, voire écrasées par la nature, chez Adam Adach ces figures sont inscrites dans une existence concrète. « Je ne peins pas des sommets parce qu’ils sont inatteignables mais parce que l’action se passe entre les sommets et le bas des montagnes3. » Adam Adach commente ainsi les tentatives de survie des figures qu’il représente.

Julia Garimorth

1- Adam Adach, Entretien dans Catalogue d’exposition « Adam Adach », Musée national Message Biblique Marc Chagall, Nice, 2005
2- Idem
3- Idem