Viriya CHOTPANYAVISUT
Né en Thaïlande en 1982 - Vit en France et en Thaïlande
Diplômé de l’Université de Rangsit de Bangkok en 2009, de l’École supérieure des Beaux-Arts de Toulouse en 2009 et de l’École nationale d’arts de Paris- Cergy en 2010, Viriya Chotpanyavisut photographie des environnements éphémères, montrant les objets du quotidien avec une approche poétique et immatérielle. Il tente de transformer la forme de ces objets ineptes en essayant de leur donner un sentiment d’intimité et de la vie, de sorte à ce que chaque photo individuellement ou, dans le cadre d’une série, raconte sa propre histoire. « Le mouvement des particules de lumière, l’accident d’un reflet, l’éphémère des choses fragiles, je considère cela comme une respiration, un souffle de lumière. Ce phénomène peut être ressenti à travers la température, l’humidité de l’air, les particules de poussière, etc. L’appareil photographique peut rendre cela possible en arrêtant des instants, en changeant la couleur ou en saturant l’espace à montrer, comme des choses qui naissent du rien. »
Ainsi, le cygne qu’il photographie est-il emblématique de la dimension poétique omniprésente chez ce jeune artiste thaïlandais. Ce cygne, tête immergée, ne laisse apparaître que l’immaculée blancheur de son plumage parcouru de gouttelettes d’eau à peine visibles sur l’eau noire d’un lac. Le cygne devenu signe convoque la référence, assez évidente, au fameux Lac des cygnes de Tchaïkovski (1877) dans lequel s’affrontent le sublime et la destruction autour de la féminité et de ce lac, formé par les larmes des parents de Siegfried, le héros amoureux d’Odette (cygne le jour, femme la nuit). Freud voyait dans ce ballet l’archétype de la dualité entre l’amour et la mort, entre Eros et Thanatos et, derrière la poésie délicate de la photographie de Viriya Chotpanyavisut, c’est cet obscur héritage fait de symboles et de signes qui fait irruption.
Jean-Charles Vergne