Richard FAUGUET
Né en France en 1963 – Vit en France
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Expositions
A travers le miroir Célébration Château hanté A quoi tient la beauté des étreintes PLUS HAUT QUE LES NUESDessins d’insectes réalisés à l’aide de tampons-encreurs, sculptures en buste recouvertes de billes colorées, robots en vaisselle de verre, draps brûlés laissant apparaître des figures fantomatiques, animaux faits de globes opalescents aux allures de molécules, silhouettes découpées dans un papier Venilia… Le moins que l’on puisse dire est que l’œuvre de Richard Fauguet ne manque ni d’invention, ni d’étrangeté. Non seulement elle privilégie des matériaux bon marché, d’une vulgarité consommée et directement empruntés au monde de l’immédiat et du quotidien, mais elle s’ingénie à la production de figures singulières, ironiques, voire dérisoires. L’art de Fauguet semble cultiver l’impertinence dans cette façon très duchampienne de prendre tout à rebrousse-poil, de se servir d’un langage plastique à contre-emploi, de jouer de métamorphoses les plus incongrues, de déambuler en marge du réel pour lui préférer les sentes et les diverticules de l’imaginaire. De la fiction, Richard Fauguet fait ses choux gras, à ce point même qu’ils relèvent d’une certaine science-fiction. « Chez Richard Fauguet, note Pascal Cassagnau, la science-fiction représente un arrière-plan récurrent, au même titre que le cinéma, un passage, à l’instar d’autres artistes contemporains… L’artiste procède par déplacement et torsion des éléments empruntés au récit de science-fiction qui constitue un embrayeur des narrations des figures. Miroir amplifié, la science-fiction est pour Richard Fauguet un système expert, un mode de représentation du réel à partir de son envers ou de sa parodie ».
Les différentes sortes de figures qu’il réalise à l’aide d’adhésifs Venilia sont pour lui l’occasion d’une pratique du dessin qui se joue de l’installation et questionne les notions de forme et de contre-forme. Découpées dans un matériau bas de gamme, clin d’œil indiscutable aux premiers collages de Picasso, ces figures tracent au mur et au sol les silhouettes négatives de petites scènes plus ou moins étranges dont les décors et les personnages rivalisent en infra-minceur. Quelque chose de spectral est à l’œuvre dans le travail de Richard Fauguet qui prend ici une dimension particulière au souvenir de tous ces jeux d’ombres qui ont tout à la fois enchanté et troublé notre enfance. Eminemment ludique, la démarche de l’artiste n’en est pas moins privée d’une dimension inquiète et cette façon de jouer du phénomène de rémanence appartient à une réflexion sur le fait de mémoire. A bien considérer l’intention qui le porte, on relève de fait que toutes les pratiques mises en œuvre par Fauguet visent comme le disait Stanley Kubrick à propos de 2001, l’Odyssée de l’espace « à pénétrer directement l’inconscient avec son contenu émotionnel et philosophique », à atteindre le (regardeur) à un niveau profond de conscience ».
Philippe Piguet