Nathanaëlle HERBELIN
Née en Israël en 1989 - Vit à Paris et Tel Aviv
La peinture a été préparée avec les techniques anciennes héritées de l’art de la fresque. C’est ainsi qu’affleure la beauté, sur la surface âpre mais douce, nourrie par la mémoire d’instants livrés dans la sensualité d’un enchantement discret. Une fenêtre se reflète dans le miroir ovale de la salle de bain nimbée d’une clarté d’aube grise. La lumière crue venue d’un soleil dévoilé depuis l’Est a empesé le rideau d’un amidon rugueux, en écho aux pigments mêlés de marbre en poudre des fresques italiennes du XIVe siècle, dans la proximité sensible de Giotto et des drapés du Christ sur les murs de Padoue. La matière sèche a donné au tableau la compacité d’une paroi dont la texture opaque a reconstitué le souvenir friable d’un lieu que nous ne connaissons pas, pourtant familier comme nous sont coutumiers les tableaux silencieux de Vilhelm Hammershøi quand nous les découvrons, fragments de souvenirs que nous n’avons pas encore. Le tableau s’intitule La Fenêtre mais ne montre que la réflexion de l’embrasure dans la glace, révélant le véritable thème de la peinture : la réverbération, le surgissement dans l’estompe de la lumière matinale.
Jean-Charles Vergne