Christian JACCARD
Né en France en 1939 - Vit en France
Dès le début des années 70, Christian Jaccard fait du feu, de la combustion, un des éléments majeurs de son œuvre. Chacune de ses peintures est à la fois le fruit d’un travail de peintre et d’une action de destruction partielle. Christian Jaccard utilise en effet des mèches à combustion lente, similaires à des mèches de dynamite, qu’il dispose sur la toile et qu’il laisse se consumer lentement.
Deux principes sont ici à l’œuvre. Le premier consiste à scarifier un support en le brûlant. Tout comme d’autres artistes qui utilisent le feu (Yves Klein, Jean Degottex, Jean-Paul Marceschi), Christian Jaccard renoue avec la notion de destruction/construction. Il faut en passer par une destruction partielle pour parvenir à la création. Rien ne peut être créé s’il n’y a pas de destruction préalable. Le second principe consiste à imprimer sur la toile une succession de signes brûlés verticaux constituant des lignes d’écriture. Tracer un bâton vertical sur un support est une manière de mesurer l’écoulement du temps (comme le ferait un prisonnier dans sa cellule pour marquer les jours qui passent). Si, en plus, ces bâtons sont la résultante d’une combustion, il y a une mesure de temps s’effectuant par la destruction et, donc par une symbolique renvoyant à la mort. Enfin, Christian Jaccard déploie une technique visant à laisser des empreintes indélébiles dans son support. Il s’inscrit ainsi dans une tradition ancestrale de l’histoire de l’art où l’empreinte demeure un élément clé, des empreintes de mains d’hommes préhistoriques à l’empreinte digitale ou génétique. L’empreinte par la combustion donne à l’œuvre une dimension symbolique forte, renvoyant aux origines divines du feu, dérobé aux dieux par Prométhée pour permettre à l’humanité de fabriquer des outils, de cuire les aliments et de se protéger.
Élément protecteur et destructeur à la fois, le feu donne à l’œuvre de Christian Jaccard une valeur ambigüe, oscillant entre création, métamorphose et destruction.