AGNÈS GEOFFRAY
Dès son commencement, l’œuvre d’Agnès Geoffray s’est fondée sur une réflexion portant sur le statut de l’image, sur la manière dont les images nous parviennent, sur leur potentiel fictionnel, sur leur puissance de vérité et de falsification.
Agnès Geoffray est photographe mais une partie de l’iconographie qu’elle utilise s’effectue sans la photographie, par la récupération d’images d’archives dont elle n’est pas l’auteur, qui alimentent un travail d’ajustement, de montage, de retouche. Il y a donc des images qui, parfois, proviennent de ses propres prises de vues ; il y a des images qu’elle trouve et qu’elle utilise telles quelles ou en leur apportant de subtiles modifications. Il y a, aussi, des images manquantes, des œuvres sans images élaborées à partir de textes qui se substituent aux images : il ne s’agit pas là d’une rupture dans sa création mais d’une autre façon de faire des images, sans images.
Les œuvres se livrent dans leur présence étrange, dans leur beauté inquiétante voilée par l’évocation de faits historiques parfois tragiques. Elles se manifestent dans le chuchotement, la mise en retrait, les allusions discrètes pour dénouer subtilement ce qui se dissimule et se joue dans les images : leur violence cachée, leur puissance de manipulation, leur possible corruption.
A la suite de l’acquisition de la série photographique Incidental Gestures en 2014 puis du film Sutures en 2016 pour sa collection, le FRAC Auvergne a souhaité confier à Agnès Geoffray l’ensemble de ses espaces ainsi que ses vitrines afin que se déploie cette pensée d’une grande acuité, portée par une poésie singulière accordant aux images une dimension affective exacerbée.
Jean-Charles Vergne
Directeur du FRAC Auvergne
Commissaire de l’exposition