Le cheminement de l’œuvre de Marc Bauer repose sur un traitement spécifique de l’Histoire, toujours perçue comme archéologie lacunaire, comme matrice à narration, comme champ poétique, où les événements sont l’objet de réappropriations, sont soumis au bégaiement d’une mémoire trouée,faite de bribes éparses à assembler avec la colle des souvenirs personnels. Traverser le temps de l’œuvre de Marc Bauer revient à effectuer de constants allers-retours entre des œuvres anciennes à caractère autobiographique qui peuvent être revisitées, être intégrées dans un propos sur l’Histoire lui-même parasité par des bribes de fiction.
Vue de l'exposition
L’œil photographique
À l’occasion du trentième anniversaire de la création des Fonds Régionaux d’Art Contemporain, le CNAP et le FRAC Auvergne s’associent pour une exposition exceptionnelle regroupant plus de 90 œuvres issues des collections photographiques du CNAP.
Cette exposition propose un parcours destiné à aborder les différents statuts de l’image photographique, de sa dimension documentaire à son investissement fictionnel. Ce parcours permettra la mise en lumière d’artistes historiques au côté d’artistes de la scène émergente.
Axée sur un ensemble de notions empruntées à la physiologie oculaire (Fovea, macula, cristallin, etc.), elle déclinera également, sur un mode symbolique et poétique, les différentes fonctions de l’œil photographique dans sa capacité à percevoir le monde.
Camille SAINT-JACQUES - Contre-jour
Depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, Camille Saint-Jacques a choisi de se concentrer sur le dessin et la peinture sur papier. Il s’agit de faire un travail qui ne coûte rien, demande juste un coin de pièce pour être fait et quelques euros de
matériel. Les dernières oeuvres, quoique de grand format, sont faites sur des feuilles ajointées et l’ensemble peut aisément être replié et rangé sous un lit. Sur ces grandes feuilles, Camille Saint-Jacques peint d’abord un cadre laissant apparaître une marge blanche autour d’elle. C’est dans ce cadre, figure du tableau mais non tableau, que l’image va s’imposer. Des images faites à l’aquarelle, moyen pauvre, léger et somptueux. Quant aux images elles-mêmes, elles sont simples : la flaque d’eau formée par la pluie qui s’est accumulée dans un trou formé par les jeux des enfants dans le jardin du pavillon de banlieue, le ciel et ses modulations vues par la lucarne de la petite chambre dans laquelle il peignait jusqu’il y a encore très peu de temps…
Parallèlement à cette pratique picturale, Camille Saint-Jacques écrit un journal dans lequel il note ses réflexions sur l’art et les conditions de réalisation de chaque peinture. Ce journal est une oeuvre en soi qui accompagne et prolonge sa pratique picturale. Ce journal est l’occasion pour l’artiste de penser et repenser la pratique artistique et ses problématiques contemporaines. Dans ce journal résonne sans cesse la question : « Comment faire de l’art aujourd’hui ? ».
L’exposition du FRAC Auvergne est la première à être consacrée à cet artiste par une institution et permettra de mettre en rapport les différentes séries entreprises par l’artiste (Vagues, Chutes d’eau, Flaques, Cieux, Dibbouks). À l’occasion de l’exposition, le FRAC Auvergne publie le deuxième volume du journal, Contre-jour, qui donne son nom à l’exposition.
Éric Suchère, commissaire de l’exposition