L’exposition Collections croisées réunit des photographies issues de trois collections : celles du Musée d’art et d’archéologie d’Aurillac, du Frac Auvergne et du Centre national des arts plastiques (Cnap). Depuis de nombreuses années, le musée entretient des liens étroits avec ces deux institutions. Le Frac Auvergne présente en effet régulièrement dans les salles des Écuries les œuvres de sa collection lors d’expositions coproduites. Le Cnap, qui constitue pour le compte de l’État une collection d’art contemporain mise à disposition des structures culturelles et administrations françaises, a déjà déposé de nombreuses œuvres au musée : des tableaux et des sculptures du XIXe siècle exposés au sein du parcours permanent du musée mais aussi des photographies contemporaines, dont le musée a fait la demande en 1989. Le Cnap a par ailleurs accordé en 2014 au Frac Auvergne un dépôt important de photographies, présenté en partie à Aurillac lors de l’exposition Photographies – Collection du Frac Auvergne et du Centre national des arts plastiques durant l’été 2016.
En 2021, le Musée d’art et d’archéologie a fait une nouvelle demande au Cnap visant à actualiser le dépôt concédé trente ans plus tôt. Quarante-et-une œuvres ont ainsi intégré les collections du musée pour une durée renouvelable de cinq ans. Toutes ces œuvres sont présentées pour la première fois en intégralité au sein de l’exposition Collections croisées, aux côtés d’œuvres du Frac Auvergne – dont des œuvres du Cnap en dépôt à Clermont-Ferrand –, ainsi que des photographies du musée, principalement les dernières acquisitions effectuées depuis 2020, là aussi exposées au public pour la première fois.
Le parcours de l’exposition s’organise en quatre sections thématiques : le rapport à la peinture et à l’histoire de l’art, l’approche typologique, le paysage politique et la question du récit et de la narration. Dans chacun des chapitres de l’exposition, les collections du musée, du Frac Auvergne et du Cnap sont associées, sans distinction ni hiérarchie, montrant à quel point celles-ci se complètent et se répondent, rendant naturel leur croisement et leur rencontre.
Informations pratiques
Musée d’art et d’archéologie
37 Rue des Carmes
15000 Aurillac
Exposition ouverte du mardi au samedi de 14h à 18h.
Vue de l'exposition
CHARLES POLLOCK
Après l’acquisition, en 2021, d’une importante peinture et d’un collage pour sa collection, le FRAC Auvergne consacre à Charles Pollock (1902-1988) une exposition rétrospective destinée à faire découvrir ce peintre majeur encore trop méconnu en France, et dont l’œuvre aura sans doute été éclipsée par la volontaire mise en retrait du peintre au profit de son frère cadet Jackson.
Charles Pollock, frère aîné de Jackson Pollock, a passé les dix-sept dernières années de sa vie à Paris où ses peintures, collages et dessins sont désormais conservés par sa fille Francesca. D’une sensibilité exceptionnelle conjointement héritée des peintres primitifs italiens et des apports de Josef Albers sur la couleur, la peinture de Charles Pollock est aujourd’hui redécouverte et regardée par les peintres de toutes générations.
Il n’est pas rare de lire, dans les textes consacrés aux peintres habités par le sentiment particulier de la couleur, qu’ils sont des « coloristes », voire de « grands coloristes ». Charles Pollock est indéniablement un grand coloriste, d’autant plus subtil que ses couleurs ne se livrent pas de manière spectaculaire mais dans de subtiles compositions ou d’infimes variations qui parfois ruissellent à peine d’un motif à l’autre, dans une éclosion poétique telle qu’il suffit d’un regard un tant soit peu attentif pour comprendre que cette peinture n’a rien d’aride, bien au contraire.
Cette qualité de coloriste – sans doute l’une des plus nobles pour un peintre – n’était pourtant pas donnée en soi dans son parcours. Il faut en effet souligner la manière tardive dont la couleur est advenue dans son œuvre, lentement et logiquement, au fil des décennies. Il est parvenu, en plus de cinquante ans de peinture et en partant d’une pratique initiale de graphiste, de typographe et de peintre réaliste, à faire de la couleur son territoire d’excellence. Cette mutation, liée au passage de sa peinture vers une forme d’abstraction, lui aura permis d’offrir aux spectateurs de ses œuvres une rencontre singulière avec la couleur, en marge des écoles et des dogmes.
Jean-Charles Vergne
Directeur du FRAC Auvergne
Commissaire de l’exposition
PIERRE GONNORD
Les œuvres de Pierre Gonnord entretiennent une relation visible avec les peintres espagnols du passé (Zurbarán, Vélasquez, Murillo ou Ribera), chargeant les visages d’une étonnante présence qui les relie autant à l’histoire qu’elle les propulse dans un futur qui leur accordera une valeur artistique puissante. Quand nous regardons le portrait de Charles VII peint par Jean Fouquet au milieu du XVe siècle, ce n’est pas Charles VII que nous allons voir mais la peinture de Jean Fouquet. Lorsque nous regardons Maria, cette gitane en majesté photographiée par Pierre Gonnord, nous ne contemplons pas une femme que nous ne connaîtrons jamais, mais la survivance de formes picturales pluriséculaires inscrites dans une équivalence avec les portraits classiques conservés au Prado ou au Louvre…
« Bien que mes personnages appartiennent à des communautés ou des groupes sociaux parfaitement définis et identifiables, je ne veux jamais qu’ils perdent leur essence individuelle. Les personnes que je choisis m’intéressent pour leur individualité, leur force morale, leur charisme, leur sensibilité. Genre, âge, traits psychologiques, caractéristiques physiques, degrés de parenté éventuels, sont des paramètres qui guident également mes choix. Avec leurs visages je sonde ma propre humanité, que je retrouve révélée soudain par eux. Toutes les personnes que je photographie ont une foi très ancrée dans leur histoire et sont fortes de leur identité. Je sens leurs yeux sur moi, avec force et intimité, timidité quelques fois, dans une distance respectueuse que j’essaie de restituer dans mes images. Je vois la noblesse de caractère, l’immense sensibilité de certains et des secrets bien gardés chez ceux que j’ai choisis. Je vois sur leurs visages les traces du temps, les marques des générations précédentes. Je suis confronté à l’autre, mais je parle de nous tous. »
Informations pratiques :
Espace d’exposition La Canopée – Siège social du groupe Michelin
23 place des Carmes Dechaux
63000 Clermont-Ferrand
Exposition ouverte du lundi au vendredi de 8h à 20h.
Entrée gratuite.