Ida TURSIC & Wilfried MILLE - Decade
Depuis leur rencontre à lÉcole des Beaux-Arts de Dijon et le début de leur œuvre commune au début des années 2000, les peintures figuratives d’Ida Tursic et Wilfried Mille interrogent la question de la peinture et son sujet, du visible et sa représentation, du comment peindre et quoi peindre. Leurs peintures, leurs aquarelles et leurs gravures « recyclent » des images préexistantes extraites de magazines, de films, de sites internet ou d’autres médias. Celles-ci sont recomposées par ordinateur et peintes sur un support traditionnel de toile, ou récemment de bois ou de papier.
Ida Tursic et Wilfried Mille représentent des scènes où se côtoient le glamour, la pornographie, des natures mortes, des paysages ou des extraits de film. Ils explorent également les possibilités de l’abstraction avec des peintures proches de lopart, avec d’autres dues au hasard notamment réalisées à partir de leurs palettes recyclées.
Leurs œuvres sont souvent brouillées par l’utilisation de jus argentés, de grilles, de dégoulinades de peintures masquant plus ou moins le motif, mettant ainsi à distance le sujet. Récemment, ils ont également produit des images stéréoscopiques en 3D. L’utilisation de ces procédés laisse apparaître leur volonté de ne pas représenter la réalité mais limage médiatisée de celle-ci, et manifeste un certain humour, voire un regard décalé sur leur propre travail.
Dove ALLOUCHE - Le diamant d'une étoile a rayé le fond du ciel
Le Fonds Régional d’Art Contemporain Auvergne est heureux d’accueillir Dove Allouche pour cette exposition conçue en collaboration avec le LaM (Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut).
Construit autour d’une double exposition et d’un livre, ce projet permet au public de découvrir près de dix années d’une réflexion brillamment menée sur les questions du temps et de l’image. Si l’observation des œuvres de Dove Allouche engendre chez le spectateur un sentiment immédiat de grande virtuosité, il est essentiel d’aborder son travail en ayant à l’esprit la manière dont celui-ci engage une relation particulière à la temporalité : temps historique, temps de l’image photographique, temps de l’exécution du dessin…
La série de 140 dessins intitulée « Melanophila », vaste corpus qui occupe une large place dans l’exposition au FRAC Auvergne est en ceci très significative. Après qu’un gigantesque incendie ait entièrement ravagé une forêt d’eucalyptus au Portugal, l’artiste se rend sur place pour réaliser, en quelques dizaines de minutes, 140 photographies du site carbonisé qui donnent lieu à l’exécution de 140 dessins dont la réalisation a nécessité cinq années de travail durant lesquelles la forêt a recouvré peu à peu sa forme initiale. Il en va d’un processus comparable lorsque Dove Allouche photographie en quelques dixièmes de secondes les chutes du Salto Angel au Vénézuela pour réaliser ensuite la série de dessins « Surplombs » : le temps infime de la prise de vue du fracas torrentiel se dilate dans la lente reprise graphique menée pendant des semaines par l’artiste, la perspective donnée par les 1000 mètres d’altitude s’écrase en un plan unique et compact.
Les images produites par Dove Allouche relèvent souvent de l’inaccessible : images des confins subaquatiques qu’aucun homme ne saurait atteindre physiquement, images de forêts carbonisées à jamais disparues, images de souterrains interdits, de zones interdites… Simultanément, le rapport au temps et à l’image engage chez Dove Allouche une forme de poétique (dont la forme la plus symbolique est sans doute l’œuvre « Retours ») dans laquelle un certain romantisme n’est pas exclu, et où la coïncidence crée la beauté du sens, et où se rejouent également le geste de l’archiviste qui, méticuleusement, rend compte d’une réalité cachée