À l’occasion du trentième anniversaire de leur création, les Fonds Régionaux d’Art Contemporain ont confié la conception d’une de leurs expositions à un artiste sous la forme d’une carte blanche. Ces projets régionaux feront ensuite l’objet d’une grande exposition collective au Musée des Abattoirs de Toulouse, de septembre à décembre 2013.
Pour le FRAC Auvergne, l’artiste suisse Marc Bauer a conçu La Révolte et l’Ennui en adoptant, comme point de départ, un crâne peint par Denis Laget en 1987, portant sur son envers ce texte du poète René Char : «Les sentiers, les entailles qui longent invisiblement la route, sont notre unique route à nous, qui parlons pour vivre, qui dormons sans nous engourdir sur le côté.» Cette peinture ouvre une réflexion sur différents thèmes, en particulier sur l’usage de la citation et de l’emprunt à des œuvres du passé pour délivrer une vision de la réalité présente. Cette position artistique décalée renvoie à la posture anachronique de l’artiste dandy, développée avec le romantisme, incarnée par de grandes figures qui, de Charles Baudelaire à Marcel Duchamp, ont dessiné les contours d’une certaine idée de la modernité du 19e siècle à aujourd’hui.
Si La Révolte et l’Ennui regroupe des artistes très différents, l’exposition met néanmoins en évidence une pratique commune de la citation qui n’est pas sans produire une certaine mélancolie, doublée par les reprises d’oeuvres – contemporaines ou plus anciennes – redessinées par Marc Bauer comme autant d’éléments documentaires qui ponctuent le parcours qu’il a conçu pour le FRAC Auvergne.
Vue de l'exposition
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Sans titre(s)
Une exposition conçue dans le cadre du Labo de l’ÉSACM «Commissaires associés» par Benjamin Aubertin, Marina Guyot, Clotilde Jacquet, Alice Jouhet, Alexandre Lavet et Cédric Loire.
Ce groupe d’étudiants, encadré par Cédric Loire, professeur, a travaillé à la conception, au montage et à la médiation dune exposition rassemblant des œuvres choisies dans la collection du FRAC Auvergne.
Cette exposition se veut une proposition ouverte,une forme de recherche «en acte», comme un parcours dans les collections du FRAC en dialogue avec le colloque «Pouvoirs du titre» organisés par l’Ecole Supérieure d’Art de Clermont Métropole et lUniversité Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, les 11 et 12 mars.
Château hanté
À l’occasion du trentième anniversaire de leur création, les Fonds Régionaux d’Art Contemporain ont souhaité organiser durant tout l’été 2013 une série d’expositions dans leurs régions respectives. Le FRAC Auvergne propose ainsi cinq expositions qui présentent plus de 80 œuvres de sa collection.
Pour l’aile des cuisines du château de Randan, l’exposition Château hanté propose une sélection d’oeuvres appropriée pour le lieu qui les accueille, faite d’apparitions fantomatiques, d’ectoplasmes, d’animaux étranges et de formes hybrides qui, pour quelques semaines, ont trouvé refuge dans ce lieu propice à l’imagination. Le grand couloir des cuisines du château de Randan – qui fut détruit par un incendie – mène aux fabuleuses collections de taxidermie miraculeusement conservées. Peuplées d’animaux extraordinaires magnifiquement présentés, ces collections ont été le point de départ pour sélectionner quelques œuvres de la collection du FRAC Auvergne réalisées par des artistes de renommée internationale.
Certaines d’entre elles sont littéralement habitées par la présence fantomatique d’œuvres du passé. Ainsi, la grande sculpture d’Etienne Bossut joue-t-elle du croisement hybride d’une chaise de design et d’une célèbre sculpture conservée au Vatican. La peinture de Rémy Hysbergue procède au télescopage d’influences picturales multiples. Les poissons de Johan Creten citent autant la mythologie qu’ils engagent une possible réflexion sur l’écologie, comme pourraient le faire également les troncs d’arbres de Roland Cognet, emprisonnés dans leur gangue d’acier. Les corbeaux de Daniel Tremblay chantent un blues désabusé sous une lune peu engageante, ravivant le souvenir du Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud. Les chiens menaçants de Paolo Grassino sont les gardiens d’une carcasse de camion dont on ne sait si elle est le témoignage d’une émeute urbaine ou si elle se présente comme le vestige d’une civilisation disparue. Les voix éparses et lointaines qui s’échappent de la sculpture lumineuse d’Emmanuel Lagarrigue semblent quant à elles vouloir faire surgir une histoire morcelée que le spectateur devra tenter de reconstituer. Et, tout au long du parcours, les éléments découpés dans le vénilia par Richard Fauguet mêlent présences fantomatiques et souvenirs d’œuvres célèbres.